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L'extension .org passe sous contrôle privé sur fond d'interrogations

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Après moult années passées sous l'ombrelle de l'Internet Society, l'entité qui gère l'extension .org va être cédée à un fonds d'investissement. L'annonce, qui suit la suppression par l'ICANN des plafonds tarifaires sur les extensions, interroge.

En 2002, l'Internet Society, association dont l'activité est tournée vers le développement des standards du Net, mettait la main sur l'extension .org. Dans la foulée, en 2003, elle créait une filiale, Public Interest Registry (PIR), pour assurer la gestion effective de cette extension destinée en première ligne aux associations, institutions et autres organismes à but non lucratif.

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Dix-sept ans sans accident de parcours plus tard, l'Internet Society vient de faire une annonce un brin surprenante : PIR va quitter le giron de sa maison mère. Un accord a été trouvé avec Ethos Capital, un tout jeune fonds d'investissement. Et la transaction, qui doit être complétée début 2020, inclut les extensions actuellement gérées (.org, .ngo, .ong). Le très symbolique .org va donc passer sous le contrôle d'investisseurs privés.

Hasard du calendrier… ou investissement prémédité ?

Il y a encore quelques mois, cette nouvelle aurait pu sembler assez anecdotique. En effet, but lucratif ou non, le .org était soumis à un plafond très bas en matière de tarifs fixé par l'ICANN, l'autorité de régulation et d'administration des ressources du Net. Aucune hausse n'aurait donc été envisageable à court terme. Sauf que le 30 juin dernier, faisant fi de nombreux avis défavorables, l'ICANN a précisément décidé de tirer un trait sur le plafonnement des prix pour l'extension .org. PIR et l'Internet Society se voulaient alors rassurants : pas de révision des tarifs à l'horizon. Mais qu'en sera-t-il pour un fonds d'investissement ?

À en croire les mots d'Andrew Sullivan, PDG de l'Internet Society depuis un an, il n'y a guère d'inquiétude à avoir. Dans un billet, l'homme se félicite de voir PIR rejoindre “un partenaire stratégique fort, Ethos Capital, qui possède non seulement une compréhension approfondie des complexités de l’industrie des domaines, mais aussi le mélange idéal d’expertise, d’expérience et de valeurs partagées pour faire progresser les objectifs du .org dans le futur”. D'après lui, Ethos Capital prévoit de s'inscrire totalement dans la continuité et d'aider PIR à atteindre ses objectifs, “y compris son objectif de maintenir le .org accessible et à prix raisonnable”. Le PDG assure par ailleurs que “PIR continuera de respecter les normes les plus strictes en matière de transparence publique, de responsabilité et de performance sociale”.

Reste que certains aspects de ce deal ont de quoi faire douter de ces belles promesses. À la tête d'Ethos Capital, on trouve en effet Erik Brooks, impliqué en 2018 aux côtés de plusieurs anciens responsables de l'ICANN (dont l'ex-directeur Fadi Chehadé) dans l'acquisition de Donuts (autre gestionnaire d'extensions) par le fonds d'investissement Abry Partners. Un épisode qui s'était rapidement traduit par une hausse généralisée des tarifs.

Seule autre personne mentionnée sur le site d'Ethos Capital : une directrice nommée Nora Abusitta-Ouri, ancienne vice-présidente de l'ICANN sous Fadi Chehadé. S'ajoute à cela que le nom de domaine utilisé par Ethos Capital est en fait la propriété du même Fadi Chehadé depuis plusieurs années… et le fait qu'Ethos Capital a été effectivement fondé 24 h après la publication par l'ICANN des avis sur le déplafonnement des tarifs pour l'extension .org. Difficile de faire plus réactif.

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