Nous sommes déjà prêts pour la société inclusive du futur

Nous sommes déjà prêts pour la société inclusive du futur
© Photo by Josh Appel on Unsplash

La société inclusive de demain passera par une plus grande visibilité et compréhension des personnes en situation de handicap, mais aussi par la co-création de solutions. Et si la crise sanitaire que nous traversons pouvait nous aider à répondre, ensemble, à cet enjeu ?

La crise sanitaire a révélé nos vulnérabilités et notre interdépendance. « Le coronavirus nous fait comprendre que la vulnérabilité d’autrui est dépendante de la nôtre », affirme Sandra Laugier, professeure de philosophie à La Sorbonne et co-autrice notamment du livre Face aux désastres (Ithaque, 2013), une conversation à quatre voix sur la folie, le care et les grandes détresses collectives. De quoi changer les regards sur le handicap et sortir d’une société normative qui écrase ? « Cette prise de conscience de sa propre vulnérabilité, c’est essentiel. Le handicap, comme le vieillissement, font partie de ces choses qui seront dans nos parcours de vie », explique Hervé Delacroix, Administrateur APF France Handicap. 

Vers une plus grande visibilité et compréhension de tous les handicaps

Changer les regards implique une plus grande visibilité des personnes en situation de handicap. Or, elles ne sont que 0,7 % à intervenir à la télévision, selon le dernier baromètre de la diversité du CSA. Pour rappel, 12 millions de Français sont touchés par un handicap. Les réseaux sociaux peuvent-ils réussir là où les médias traditionnels ont échoué ? Arthur Baucheron, qui se présente comme « un gars de 18 ans en fauteuil roulant qui essaie de changer les mentalités » cumule près de 700 000 fans sur TikTok. Sur sa chaîne, le jeune homme atteint d’amyotrophie spinale, une maladie musculaire, a fait de son autodérision une force pour démonter les préjugés et témoigner du manque d’accessibilité dans son quotidien. « Sans le confinement, je n’aurais jamais osé me lancer par peur du regard et je me suis dit pourquoi pas ! Il y a beaucoup de jeunes sur TikTok qui se posent des questions sur les personnes en fauteuil roulant et ça a fonctionné », explique Arthur. Youtubeurs, sportifs, étudiants… ils sont de plus en plus nombreux et nombreuses à trouver un écho chez une jeune génération qui tolère moins les discriminations que les précédentes. 

Tandis que plus de 80% des handicaps sont invisibles, il y a urgence à lutter contre l’ignorance. Cette méconnaissance de ces multiples handicaps et de ces identités empêche chaque jour des citoyens de travailler, de se déplacer et de s’émanciper. Et si l’école devenait un lieu d’apprentissage des différences des corps et des parcours de vie ? Et si ce bastion de nos aspirations universelles s’attardait sur la compréhension et l’acceptation de nos propres vulnérabilités et de celles des autres ? À l’instar de cette école malouine qui dispose d’une UEMA (Unité d’enseignement maternelle autisme) et qui considère justement que l’inclusion fonctionne dans les deux sens. Une conviction qui se matérialise par la présence d’une psychologue qui parle du handicap à tous les élèves, ou encore par des affiches qui permettent de comprendre les troubles du spectre de l’autisme.

La société inclusive du futur est en co-construction

Vivre ensemble, c’est surtout faire ensemble. Cette société inclusive du futur n’émergera jamais si les personnes qui portent un handicap ne sont pas au cœur des programmes d’innovation. « L’expertise d’usage peut être un levier pour construire ensemble, en favorisant et valorisant la participation des personnes en situation de handicap », rappelle Hervé Delacroix. C’est d’ailleurs la philosophie du projet EPOP, soutenu par la Croix-Rouge française, qui vise, entre autres, à faire émerger des initiatives de pair-accompagnement. Mais aussi du techlab de l’APF France, qui mise sur la co-conception en associant de futurs utilisateurs. « Les personnes en situation de handicap sont de vrais hackers », témoignait récemment Christiana Mallon face aux caméras de Brut. À 22 ans, la jeune femme perdait l’usage de ses bras et de ses mains. Depuis, elle se consacre au design inclusif. Open Style Lab, l’incubateur new-yorkais qu’elle a cofondé, réunit des clients, des ingénieurs, des designers et des ergothérapeutes pour co-créer des vêtements et des accessoires accessibles à tous. 

Ils sont nombreux à être prêts pour la société inclusive du futur quand certains l’incarnent déjà : Elisa Rojas, avocate et militante, nous parle d’amour et de handicap dans son premier roman et fait la Une de Marie-Claire, en fauteuil, une première en France. Maxime Perez Zitvogel, bipolaire et cofondateur de la Maison Perchée, une communauté qui accompagne les jeunes adultes vivant avec un trouble psychique, apprend ce qu’est la députation pour porter et voter les lois inclusives de demain. « La société inclusive du futur, c’est la société de la confiance en soi, en ses propres ressources, en tout ce qu’on peut accomplir. C’est essayer d’aller là où a priori nous ne sommes pas attendus », explique Alicia Jovin, fondatrice de HandiVoice et chargée de mission Handicap à La Croix-Rouge Française.

« Faire du handicap un levier d’innovation pour co-construire, tester et déployer avec les entrepreneurs de nouvelles solutions et de nouveaux modèles d’inclusion »
Intissar Bouftaim, responsable des programmes d’accélération de 21

Cette co-construction est également incarnée par l’alliance des acteurs historiques du handicap en France. C’est le cas notamment du CCAH (comité national coordination action handicap), APF France Handicap, la Croix-Rouge française et 21, l’accélérateur d’innovation sociale de la Croix-Rouge française et de Nexem, qui s’allient pour un partenariat inédit et créent le programme 21H. « Nous sommes convaincus, chez 21, que les coalitions entre différents acteurs, voire entre différents écosystèmes, dessinent les contours de la société inclusive de demain. Notre vision est de faire du handicap un levier d’innovation pour co-construire, tester et déployer avec les entrepreneurs de nouvelles solutions et de nouveaux modèles d’inclusion », explique Intissar Bouftaim, responsable des programmes d’accélération de 21. 

Si vous aussi, vous êtes déjà prêt(e) pour la société inclusive du futur, répondez à l’appel à projet 21H pour proposer vos solutions et bénéficier du programme d’accélération de startup qui répondent aux besoins des personnes en situation de handicap et de leurs aidants.